Lorsque l’un de nos proches perd en autonomie, les décisions à prendre concernant les soins à domicile peuvent rapidement devenir une source de tension. Différences d’opinions, répartition des tâches, désaccords sur les dépenses…
Les conflits familiaux autour de ces sujets sont fréquents, mais ils ne sont pas une fatalité. Avec du dialogue et une organisation claire, il est possible d’apaiser les tensions et de préserver l’harmonie familiale.
Comprendre l’origine du conflit
Les désaccords naissent souvent d’une combinaison d’émotions et de contraintes pratiques. La fatigue, la culpabilité, le sentiment d’injustice ou encore des divergences de valeurs peuvent alimenter les tensions.
Une étude publiée dans le Journal of Family Nursing (2022) a montré que les conflits familiaux liés à la prise en charge d’un parent âgé découlent principalement d’un manque de communication claire et d’une répartition inégale des responsabilités entre les membres de la famille.
Avant de chercher à résoudre un différend, il est donc essentiel de comprendre ce qui se cache derrière : un désaccord de fond ou un besoin non exprimé ?
Par exemple, un membre de la famille qui semble « distant » peut en réalité se sentir dépassé ou coupable de ne pas pouvoir en faire plus.
Favoriser le dialogue et l’écoute
Le premier levier pour apaiser les tensions reste la communication. Chacun doit pouvoir exprimer son ressenti sans être jugé. Organiser une réunion de famille, même brève, permet de remettre à plat la situation et de donner la parole à tous.
Il peut être utile de définir des règles de discussion simples : parler en « je » plutôt qu’en « tu », éviter les reproches, écouter sans interrompre. Selon une étude publiée dans The Gerontologist (2021), les familles qui privilégient des échanges ouverts et respectueux parviennent à mieux coopérer dans la durée et à éviter les ruptures relationnelles.
Si le dialogue devient trop difficile, le recours à un médiateur familial peut être précieux. En Suisse, les services de médiation reconnus par la Fédération Suisse de Médiation offrent un cadre neutre et confidentiel pour renouer le dialogue.
Répartir les rôles de manière équitable
Les conflits surgissent souvent quand une seule personne porte la majeure partie de la charge. L’idéal est de répartir les responsabilités selon les disponibilités, les compétences et les envies de chacun.
Par exemple, l’un peut gérer les rendez-vous médicaux, un autre les finances, et un troisième les visites quotidiennes.
Le site de la Haute École de Santé de Genève souligne que cette répartition doit être flexible : elle peut évoluer selon les événements ou la santé des aidants eux-mêmes. Il est important que personne ne se sente enfermé dans un rôle ni délaissé.
Mettre les tâches par écrit dans un tableau partagé (papier ou numérique) aide à clarifier les engagements et à éviter les malentendus.
Se recentrer sur l’essentiel : le bien-être du proche
Quand la tension monte, il est utile de se rappeler la raison commune de tous les efforts : le bien-être du proche aidé. Revenir à cette intention partagée aide souvent à relativiser les désaccords.
Une étude parue dans Aging & Mental Health (2020) a montré que les familles capables de collaborer autour d’un objectif commun, centré sur la qualité de vie du parent dépendant, connaissaient moins de conflits et un meilleur équilibre émotionnel.
Mettre la personne concernée au cœur des décisions, dans la mesure du possible, permet aussi d’éviter les projections et les rivalités. Son avis compte, même s’il n’est plus toujours pleinement exprimé.
Accepter de demander de l’aide extérieure
Enfin, il ne faut pas hésiter à solliciter des ressources extérieures. Les services d’aide à domicile, les infirmiers à domicile, ou encore les associations d’aidants peuvent alléger la charge familiale et réduire les sources de conflit.
De même, un psychologue spécialisé dans la gérontologie peut accompagner la famille dans la gestion du stress et la communication autour de la dépendance.


